AIT SAADA *

AIT SAADA Lucien Mourad ben Achour*

­Victime de disparition forcée. N’a pas survécu à la disparition forcée.

Si vous avez une photo, des informations, des documents concernant Mourad Ait Saada, merci de nous écrire en commentaire ou à l’adresse mail 1000autres@laposte.net.

Dans leurs recherches, ses proches se sont adressés à la préfecture d’Alger. Nous avons retrouvé une fiche du Service des liaisons nord-africaines datée du 12 juin 1957. Elle indique que Mourad Aït Saada est né le 1er décembre 1928 à Alger, qu’il est Infirmier major aux Trains d’Alger, qu’il vit 23 allées des Mûriers à Belcourt (dispensaire municipal) et qu’il a été enlevé le 31 janvier 1957, détenu au camp de Paul-Cazelles, puis libéré le 14 mars 1957. Il a ensuite été de nouveau enlevé le 25 mai au soir par « des policiers en civil (DST) ».

Dans un entretien qu’il nous a accordé, l’historien Mohamed Rebah — également enlevé à la même période — évoque Mourad Aït Saada qu’il a connu quand il était lycée. Ait Saada était en effet responsable au journal Alger républicain de la page « sport scolaire ». Il tenait également un kiosque de thé et café en ville, où Mohamed Rebah (joueur de handball dans son lycée) lui apportait de court comptes rendus de match. Aït Saada disposait en effet de tout un réseau de lycéens qui l’alimentaient un information. Il avait été un très bon joueur de football, raconte Mohamed Rebah qui se souvient d’un homme très sympathique et chaleureux. Il a retrouvé Ait Saada après son premier enlèvement : ils sont été détenus à Ben Aknoun puis ont été transférés ensemble, avec un grand nombre d’autres, au camp de Paul-Cazelles le 6 février 1957, après la fin de la grève des huit jours.

Après son second enlèvement du 25 avril, Mourad Ait Saada aurait été vu Villa Nador, à El Biar (centre de torture), à Maison Carrée, à la Bouzareah et au camp d’Ain Sefra. Le délégué de la Croix-Rouge, en mai 1958 « on nous répond : il est au secret. Nous ne l’avons pas vu hier. Il s’est évadé », d’après les documents publiés dans l’ouvrage Le Cahier Vert (p. 12).

Un document du Service des liaisons nord-africaines indique qu’il est toujours recherché en août 1959. Par ailleurs, un moment de l’indépendance, le journal Alger républicain publie le 25 août 1962 une petite annonce concernant l’ancien collaborateur sportif du journal. Elle contient des erreurs dans la chronologie des deux enlèvements mai évoque les parents de Mourad Aït Saada qui recherchent leurs fils.  : 

« Les personnes susceptibles de donner des renseignements sont priées de s’adresser à Alger Républicain, 2, rue Berlioz ».

Dans leur ouvrage La grande aventure d’Alger républicain, Henri Alleg et Boualem Khalfa évoque ce collaborateur d’Alger républicain, athlète réputé d’un club d’el-Biar, qui tenait les pages sportives et organisait des réceptions au journal avec des sportifs de renom. Ils ajoutent qu’il a été tué par un commando des partisans de l’Algérie française, sans indiquer la source de cette information.

 

Sources concernant Mourad Aït Saada

  • Fiche de renseignement du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence, France).
  • Les Disparus. Le cahier vert, Zavrian Michel, Vergès Jacques et Courrégé Maurice, Paris, La Cité, 1959.
  • Petite annonce de recherche de disparu, Alger républicain, 25 août 1962.
  • H. Alleg, A. Benzine, B. Khalfa La grande aventure d’Alger Républicain, Messidor, Paris, 1987. — « Alger républicain, un entretien avec Henri Alleg », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, Paris, n° 8, 198?
  • Entretien de Mohamed Rebah avec Malika Rahal et Fabrice Riceputi, Alger, 27 septembre 2023.

Abréviations des principales sources utilisées :/p>

SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.

Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62

CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.

Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.

SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H

CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.

Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.

1 Commentaire

  1. Mohamed Yazid BOUMGHAR Répondre

    Bonjour

    Je recherche les traces de mon grand père paternel BOUMGHAR Rabah ben Ali ben Rabah né le 11 juin 1907 à Draâ Mizane (Tizi ouzou) et qu’on donnait mort exécuté en 1957 et enterré dans une fosse commune à Beni messous.

    Merci

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