ADANE Ramdane *

ADANE Ramdane

A survécu à la disparition forcée.

Dans leurs recherches, ses proches se sont adressés à la préfecture d’Alger. Une fiche du Service des liaisons nord-africaines indique qu’il est technicien radio, habite 26, rue Prévos Paradol à Belcourt, Alger, qu’il a été enlevé le 22 juillet 1957 à 19 h à son domicile par « la Sûreté ». La fiche indique également qu’il convient d’informer sa mère Malika Adane. On sait également que le Service des liaisons nord-africaines n’avait eu aucune réponse le concernant de la part de l’armée en octobre 1957.

A survécu. Ramdane Adane nous a envoyé son témoignage en 5 feuillets manuscrits (ci-dessous) et une photo par l’intermédiaire de sa fille le 13 février 2023.

Sources concernant Ramdane Adane :

  • Fiche de renseignement du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence, France).
  • Liste du Service des liaisons nord-africaines (SLNA) d’octobre 1957, ANOM
  • Communication avec sa fille par mail, février 2023.

Abréviations des principales sources utilisées :/p>

SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.

Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62

CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.

Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.

SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H

CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.

Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.

2 commentaires

  1. Amy Hubbell Répondre

    Avec mes collègues, nous avons tenté de transcrire la lettre de M. ADANE. Voici le texte. Nous avons également la traduction en anglais si vous la désirez.
    *****

    – Scout ‘SMA’ groupe Emir Khaled Belcourt de 1947 à 1957 pour initiation à la ‘Amour de la Patrie’ car nous n’étions pas des Gaulois, comme nous l’écrivons ou le recitions lors des cours d’histoire.

    – Février 1955 premier contact avec le FLN par [nom ILLOUI ]Tayeb pour devenir dans mon magasin de radio – électricité, boite aux lettres du FLN, cache d’armes, distributeurs de tracts, collecteur de fonds, de matériel médical lesquels étaient pour ces 2 derniers poste étaient envoyés à Ammar Moumour Abdelkader qui tenait le maquis de Lakhdavid par le truchement du receveur des transport Soufi.

    – 1956 responsable de cellule quartier Sidi [nom M’hame[coupé]] rue Marey-Tour-Albin Rozet, Bain Maure…

    – 1957 le 12 juillet à 19 heures arrestation au domicile partel sis 16 Rue Prévost Paradol Belcourt quartier à forte dominance Pieds noirs, Juifs et peu de Français de souche.

    – À 19h30 arrivée à pied et encadré par le Individus en civil à la villa. ‘Sakina’ tout au haut de l’allée des Muriers, dès l’entrée de la villa je fus poussée d’un grand coup de pied pour dégringoler le denivelement de 1e étage qui était une cour avec un semblant de jardin – là, une fois rétabli sur mes pieds, je fus entouré de 4 à 5 Paras Beret Rouge. Après maints insultes en le présenta 1 citoyen bien amochés physiquement se tenant à peine debout « oui, c’est lui » et le jeté dans la buanderie qui était la salle de torture, en me demanda si je connaissait cette personne…oui, c’est un de mes clients et après, ce fut la confrontation lui me désignait comme étant son chef dans l’organisation du FLN, moi, soutenant n’avoir aucunes relations avec ce qu’il avançait, bien sûr dès ce moment je fus déshabillé nu en me brancha par 2 fils 1 sur une partie sensible, l’autre sur le lobe de mon oreille, arrosé d’eau, les pieds mouillés, mon vis-à-vis demeure et commença la sceance de la gégène, dynamo de compagne avec des chocs électriques plus violents en fonction de la manipulation de l’instrument. Les cris de douleurs étaient couverts par la musique à tue tête de Bambino ; lui, affirme ; moi, je nie jusqu’au moment où mort s’envirent de mon deleteur pour lui s’était terminé, moi c’était le début, après la gégène coups de pieds avec des godasses, parce qu’étendue au sol inconscient, puis bassine d’eau, pendaison par les coudes. Comme je résistais en niant ma participation au FLN, bien tard dans la nuit en me jeta tout nu dans 1 cagibi où se trouvait 3 petits détenus qui se sont empressé à me couvrir avec des effets de suppliciés mort dans la torture, dehors dans la cour, 3 corps de martyrs étaient là en attente d’être évacués.

    Le lendemain, le capitaine de ce groupe m’a interrogé, ma réponse était que j’étais étranger à ce mouvement et constatant que je parlais suffisamment bien le français, et ayant appris que je résidais avec mes parents dans le quartier pied noir, il décida de m’isoler en dehors des autres détenus et de me presenter à chacun des citoyens arrêtés s’il me connaissait, aussi je fus attaché à 1 citronnier dans le jardin, et à chaque fois que des paquets de citoyens étaient arrêtés, ils les obligeaient à me reconnaitre. Aussi pendant 4 ou 5 jours j’ai vu beaucoup de choses, des pages entières ne suffiraient pas, soit les méthodes de torture toujours plus perfectionnait les unes aux autres, le nombre de mort par nuit en moyenne 2 à 3 entre autres celui de TITAN télégraphiste corps plein de blessures lesquels supputés de liquide jaunâtre, les paras l’arrosaient de gresul parce qu’il sentait mauvais, le gérant du restaurant le Baubri rue Sadi Carnot, Mohammed Bijoutier rue de Chartre demeurant au Bld Cervantes, Yeux Bleues [Yacef ?] son ami Houh, 1 marchand de légumes rue Marey prolongé Biskri 11 4 à la Riba.

    Khennissa mort dans la journée alors qu’il venait d’être arreté au motif qu’un parent à lui recherché était en relation avec lui, sa mort a été provoquée par le fait qu’il a voulu éviter une gifle parce qu’il hurle ‘Vive la France’ à bas le FLN en évitant la gifle il bascula vers l’arrière et se renversa, sa tête touchant la marche de la buanderie, et que Dieu ait son âme. D’autres malheureux sont morts evacués de nuits.

    Étant donné qu’aucuns autres détenus m’a reconnu comme étant 1 membre du FLN, je fus avec 3 ou 4 autres détenus evacués sur 1 autre lieu ; en tout cas hors de l’agglomération d’Alger, ce lieu était une ferme dans la proximité de Beimandreis et voisine du cimetière musulman Sidi Yahid, arrivé en ce lieu, déterminé par les autres détenus, résidents dans 2 pièces comme étant la villa ‘X’ laquelle servait de parc pour disposé du détenu dans le cas où il serait impliqué par ailleurs et de charnier pour tous les martyrs de la villa ‘Sakina’. Nous étions sous la garde d’une dizaine de Paras Beret Rouge, notre séjour était agrémenté par des exercices de travaux futiles, déplacer des pierres, remblayer les cadavres emmenés de la villa ‘Sakina’, de station debout sur 1 pied, de ramper sur le sol, de recevoir des coups de crosse de fusil crosse en aluminium…mais pour moi, après peut-être 5 jours de présence dans cette villa ‘X’ alors que j’étais assis à même le sol, avec ma main gauche dégluigné suite à ma pendaison à la villa ‘Sakina’, la porte de la chambre dans laquelle nous étions s’ouvre brutalement
    2 paras dont l’un était celui qui m’a arrêté, il fonça sur moi pour m’invectiver de sale felouze, de menteur et autres et d’un coup de pied sur la tête, je perdis connaissance et me réveillait par des jets d’eau, il me fait trainer par les détenus et charger dans une Jeep menotté, puis direction vers la villa Susini pour les algérois Consul d’Allemagne, là ils me déchargent et emmène dans une chambre, au bout de moins d’une heure en me mis en face d’1 personne d’environ une trentaine, qui me sembler le reconnaitre comme étant 1 bijoutier dans le quartier haut Belcourt, sans paroles de part et d’autres, ils le retijouire/retijaire et quelques instants après je fus rembarqué pour rejoindre le P.C. de ce groupement de Para, Bld Thiers Belcourt. Lieu dit Champ-vent ; là dans le bureau du capitaine (je crois avoir entendu le nom ANDREA) en me fis asseoir devant 1 tableau où était dessiné 1 organigramme composé de carrés où figurait des noms et d’autres vides, le capitaine m’a interrogé pour que je lui indiquais ma place dans cette organisation je lui répondu que je connaissait aucune cette organisation et que je restais toujours dans ma première attitude à savoir que je n’avait aucunes relations avec cette organisation (un détail son épouse entre dans son bureau et me fixe des yeux, demande à son mari, c’est qui ? 1 felouze, je ne crois pas il a la peau blanche, c’est 1 Kabile, elle ressort après 1 moment en m’enlève pour me ramener à la villa ‘X’ où je retrouve les détenus que j’avais laissé sauf 2 soi-disant libéré, mais d’autres nouveaux était arrivés, tous cela le passait dans la 2eme moitié du mois d’aout 1957 comme avant mon déplacement, le mode de vie n’a pas changé, brutalité, alimentation à partir des restes de tables de la brigade servis dans une marmite norvégienne dans lequel il versait de l’huile de vidange brulant et puis d’une façon brutale vient le jour où ils nous ont réunis pour nous équiper de masques et de gants, pour déterrer les corps se trouvant dans la fosse commune et charger dans 1 camion militaire le plateau recouvert d’une bâche, les 7 ou 8 détenus valides ont déterrés les restes des martyrs pour les charges. Moi et 2 autres qui étions dans 1 triste état n’ont pas participer (moi avec mon épaule, mon avant-bras, ma main paralyse lors de mon interrogatoire à la villa SAKINA). Ce chargement et [4 ?] détenus est partis dans la nuit, et nos codétenus et le camions aussi que la véhicule 4 x 4 les accompagnons sont rentrés au début de l’aube avec mission de déchargement des corps dans une fosse dans lequel ils ont versés de la chaux puis remblayé l’endroit qui semble-t-il était dans la Mitidja.

    Le lendemain matin au réveil de la brigade nous fumes les 7 ou 8 détenus alignés contre le mur d’une maisonette de cette villa ‘X’, eux. Sergent Thibault, Starzee, Morens et autres en face de nous avec leur MAS 36 en position de tir, quand survint en trombe une Jeep, 1 officier Para lieutenant, descent du véhicule et demande Thibault ‘c’est quoi mon lieutenant cela c’est ceux qui ont participé à l’opération que vous savez d’un pas martial il nous scruta et a ordonné de nous laissé tranquille’. ‘Ils ont ma laraqua – quant à vous plié bagages, car vous quitter les lieux dans la journée, des gardes mobiles vont vous remplacer, c’est ce qui se produira, vers le début de l’après-midi, c’était peut-être le 27 aout 1957, (question pourquoi ce remu ménage, nous le saurons plus tard, c’est parce que une commission de la Croix Rouge est en mission pour constater les lieux de tortures et autres). Le capitaine des gardes mobiles nous a pris en charges avec un inventaire, du nom, prénom, date de naissance, lieu, état de santé, habillement, blessures, etc. et nous a obligés de prendre une douche et pour ceux qui n’étaient pas bien habillés, ils nous procura des vêtements simple, ils nous informas qu’ils nous nourrissent avec des bouillons tieds, pour ne pas provoquer des accidents de nos intestins lesquels n’ont pas fonctionnés depuis 1 bon bout de temps. Cette période de grasse pour moi a duré jusqu’à début septembre 1957, puis transféré au niveau de la villa NADOR. Villa situé derrière le lycée Fromentin, cette villa était la P.C. des forces de sécurité colonels de la 10eme DP, là aussi en m’a fait visualisé 1 tableau représentant 1 organigramme de la Zone Autonome d’Alger avec des cases vides. Je répétai que je n’avais aucunes relations avec cette organisation. Cependant dans le cour de cette journée 1 fait important c’est produit alors que en sortir de cette salle de P.C. et mis en attente d’être diriger vers qui ou quoi, attaché avec 1 détenu âgé du nom de Ben mezabet Mohamed Salah, parce que dit dans l’entrée de ce lieu un mouvement important des présents se fit parce que 2 véhicules Traction-avant se sont arrêtés devant le perron de ce lieu est sont descendues des civils français et de Yacef Saadi et Zohra Drif, tous deux bien habillés, lui en costume prince de galle et elle en ensemble tailleur, chemisier blanc.

    Depuis ce moment, je fus accueilli par la communauté de détenus, installé dans une vaste pièce au sous-sol de cette villa ou était parqué une vingtaine de détenu les gardiens nous apprirent d’une façon officielle l’arrestation du Chef, de la Zone Autonome, ce qui savait par mon canal quand j’ai été dirigé vers cette salle, 4 ou 5 jours après cet evenement. La totalité de ces détenus furent embarqués dans des camions bachés, mais avant cela nous fûmes tous interrogés par des officiers de gendarmerie qui établissé des dossiers au fur et à mesure de nos questionnement. En finalité notre destination pour ce groupe était le camp de Tri de Beni-Messous implanté au sein même d’une caserne plusieurs dizaines de détenus étaient déjà parqués vivants dans des tentes qui regroupés peut-être 30 à 40 individus.

    En ce qui me concerne j’ai appris par le biais d’1 responsable de l’organisation secrète existant dans ce camp que depuis le moment où j’ai franchi le seuil de ce camp, j’était devenu 1 hébergé officiel et que je n’étais plus 1 individu dans le secret ce que faisait la différence, à savoir que je pouvai informer mes parents que je suis toujours en vie et détenu dans 1 Centre de Tri depuis la mi-septembre 1957 soit environ plus ou moins 2 mois de secret et que je pouvai recevoir par exemple des vêtements décents et du savon pour me décrasser alors que par solidarité des ‘frères’ je fus pris en charge dès le moment où j’ai franchi le seuil de ce camp où j’ai séjourné peut-être une vingtaine de jours et transférer avec presque la totalité des détenus par 1 grand convoi dans 1 camp qui venait d’être créé dans la commune de Tefeschoun près de Bou Ismail (Ex Castiglione).

    Les conditions de détenus étaient autres. Baraques en bois type chalet, lits superposés, cuisine réfectoire, dispensaire, ce camp d’une capacité de plus ou moins 2,400 détenus, a connu dans l’année 1958 1 mouvement de protestation de l’ensemble de la communauté des détenus sur les conditions de vie qui s’est soldé par le décès de 7 ou 8 martyrs fauché par une action de Para appelé pour redresser l’ordre établi.

    Ma libération soit faite le 22 janvier 1959 avec résidence surveillée pendant trois mois. Bien sûr après une relative tranquillité reprise des activités au sein du FLN jusqu’au fin 1965.

    Je reste à votre disposition pour des compléments d’informations historiques au travers de ce mémoire qui est une partie infime de mon parcours de militant pour la libération de mon pays l’ALGERIE.

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