HAMMOU Boutlelis *

N’a probablement pas survécu à la disparition forcée. ­

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Dans leurs recherches, ses proches se sont adressés à la préfecture d’Alger. Une fiche du Service des liaisons nord-africaines indique en mars 1958 que sa famille n’a plus de ses nouvelles après sa sortie de la prison de Maison Carrée le 23 octobre 1957. Les historiens savent que se produisirent des éliminations de détenus ayant purgé leur peine.

Né le 05 septembre 1920 à Oran, il fut militant à l’Etoile Nord-Africaine puis au PPA/MTLD, puis membre de l’Organisation Spéciale en Oranie. Surnommé « le martyr sans tombe ». Un palais des sports et un lycée portent son nom à Oran.

Sources concernant Boutlelis Hammou :

  • Fiche de renseignement du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence, France).
  • Page Facebook « L’Algérie, à travers ses anciennes photos » par Yahia Belkadi, qui publie sa photo. Voir aussi sa notice Wikipedia.

L’histoire de Hammou Boutlelis est racontée ainsi sur la page Facebook « L’Algérie, à travers ses anciennes photos » par Yahia Belkadi, qui publie sa photo. Voir aussi Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamou_Boutl%C3%A9lis).
« HAMMOU BOUTLELIS
1920 – 1957
Hammou Boutlelis est condamné par le tribunal d’Oran à six ans de prison dans le cadre du procès de l’O.S (Organisation Spéciale) le 12 février1951. Il purge sa peine avec d’autres militants du Mouvement national à la prison d’Orléansville (Chlef). Sa détention devait en principe prendre fin le 22octobre 1957. Mais il sera « libéré » la veille, c’est-à-dire le 21 octobre. Sa disparition demeure, de nos jours, mystérieuse. Ni sa famille, ni son avocat et encore moins ses compagnons n’ont trouvé de trace. C’est pour cela que les militants, les anciens, le surnomment « Le martyr sans tombe ».
Le parcours de ce combattant de la première heure est fabuleux quand, à l’âge de seize ans, il commence à militer dans les rangs de l’Etoile Nord- Africaine (ENA), des amis du journal El-Oumma, puis du Parti du Peuple Algérien (PPA) et du Mouvement pour le Triomphe des Libertés (MTLD). Boutlelis, est le fils de Si Habib, un boucher-tripier du marché « Lamoricière », rebaptisé marché Sidi Okba, à la demande des élus du MTLD. Il est né le 5 septembre 1920 à Oran. Ses parents s’étaient installés d’abord au faubourg Lamur (El-Hamri) puis au « Village Nègre », actuellement Médina Djedida. Son diplôme, le Certificat d’Etudes Primaires en poche, marquera la fin de sa scolarité à l’école Pasteur. Il sera tenté par des petits métiers et sera recruté en qualité de clerc chez Maître Abecassis, en 1936. L’année suivante, sur recommandation de son ami et son ainé Abdelkader Kettaf, il travaille chez un notaire, Maître Jeantet. Cependant, Boutlelis n’appréciant guère le long apprentissage, à une place presque domestique, il se refuse à porter le panier au « patron ». Le professeur Omar Carlier rapporte dans son étude sur « Un Novembriste avant novembre : Boutlelis Hammou, chef régional de l’OS en Oranie » que sa visée personnelle n’est pas guidée par le travail. Il y a d’abord la vie saine du sport qui continue à rythmer le temps quotidien et fraternel et, qui prolonge les belles années, de l’enfance et de l’adolescence, celles des vacances à KristeL. Athlétisme et football se conjuguent avec les petits métiers. Boutlelis est un excellent coureur des 1500 mètres.
Sur ses activités politiques, il y a lieu de signaler tout d’abord la présence de Messali Hadj à Oran, le 17 mars 1937, pour tenir un meeting au garage « Rossi ». Pour la première fois, l’emblème national est brandi par le jeune Hammou Boutlelis. Le lendemain, il rencontrera avec d’autres militants le leader du PPA à l’Hôtel de la Paix à Sidi El-Houari. Une année après, Boutlelis, en qualité de membre des la jeunesse nationaliste au sein du Parti du Peuple Algérien organise les groupes de jeunes des différents quartiers populaires dans des équipes de football afin de les soustraire à l’oisiveté et la délinquance. Dans cette perspective, les sections de scouts sont créées avec le premier groupe « En-Nadjah » dans un magasin de cordonnier au boulevard Joffre, actuellement Bd Maata Mohamed El-Habib. Hammou avec d’autres jeunes du PPA tiennent la rue avec un autre militant, une grande figure du Mouvement national à Oran, Turqui Abbdelkader. Au début de la seconde guerre mondiale, 1939 – 1945, le PPA et le Parti Communiste Algérien (PCA) sont dissous et c’est l’entrée dans une période de clandestinité de tous les militants algériens qui poursuivent leurs activités avec d’autres responsables des villes d’Alger et Tebessa, notamment.
Arrive l’année 1947 durant laquelle les élections des députés au parlement sont programmées. Les nationalistes se présentent avec une liste du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques). En 1949, Boutlelis est arrêté et relâché quelques mois après. Il est de nouveau arrêté en 1951 en même temps que d’autres éléments de l’OS. Son procès, le 12 février 1951 alertent les dockers du port d’Oran qui organisent une grève et manifestent à l’appel des militants de la CGT (Confédération Générale des Travailleurs). Ils protestent contre la répression et demandent la libération des détenus. Après six années de détention, il disparaîtra à sa sortie de prison, le 21 Octobre 1957.Le colloque sur « Le martyr sans tombe », organisé au musée du Moudjahid d’Oran, à la fin octobre 2000, a été l’occasion pour de rares témoins et compagnons de lutte du chahid d’évoquer l’itinéraire de Hammou Boutlelis, notamment feu Hadj Benalla qui parlé du hold-up de la poste d’Oran le 5 avril 1949, auquel a pris part Boutlelis aux côtés d’autres militants non moins célèbres. « La tête pensante de cette opération menée dans le cadre de la préparation matérielle du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 était Hammou Boutlelis. Grace à son sens de l’organisation, il a réussi à récolter de sérieuses informations pour la réussite de cette action spectaculaire, expliquera-t-il au cours de cette rencontre. A propos de sa disparition, l’intervenant a affirmé que ce martyr a été enlevé dés sa sortie de prison, sur ordre de hauts responsables de l’administration coloniale. Un autre moudjahid, a également apporté son témoignage pour rappeler que le «Nadi Es-Saada » ouvert clandestinement, par Hammou Boutlelis, dans la cité Médina Djedida, à la rue Stambouli Benaïssa fut le local où s’est constitué, en 1940, le premier noyau de militants nationalistes de la région de l’Ouest du pays. »

Abréviations des principales sources utilisées :/p>

SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.

Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62

CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.

Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.

SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H

CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.

Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.