SIOUAN Mohamed
Victime de disparition forcée. Il n’a pas survécu à la disparition forcée.
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Dans leurs recherches, ses proches se sont adressés à la préfecture d’Alger. Une fiche du Service des liaisons nord-africaines indique qu’il est né le 26 juin 1926 à Alger, qu’il est peintre, qu’il vit 80 rue Fromentin, et qu’il a été enlevé le 24 février 1957 à 14h à Belcourt, par les les parachutistes. La fiche indique également, en cas d’information, de prévenir Mme Siouan née Zouaoui Fatma à la même adresse. Le Service des liaisons nord-africaines n’avait toujours pas eu de réponse à sa requête de la part de l’armée en octobre 1957 et en août 1958.
Dans un entretien avec Malika Rahal en mai 2024, Baya Slamani confirme qu’il n’a pas survécu à son enlèvement. Elle dit avoir été recrutée par Mohamed Siouan dans le FLN. Elle l’accompagnait pour le transport d’armes, de tracts ou de publications d’un point à l’autre de la ville dans la mesure où la présence d’une femme réduisait le risque d’être contrôlé. Ils étaient en particulier en contact, dans la Casbah, avec un surnommé « Ali Tailleur ». Elle le connaissait auparavant comme un voisin : elle indique qu’il était le gardien d’une maison de Français avec un très grand jardin jouxtant celui de M. Slamani, chemin de la Vallée. La rue Fromentin, qui descendait vers le ravin de la Femme sauvage, est donc sans doute une nouvelle rue qui n’apparaît pas encore sur le plan Vrillon dans ce quartier en plein développement.
Selon Baya Slamani, craignant d’être arrêté, Mohamed Siouan s’était caché chez une autre connaissance et l’avait faite prévenir. Elle raconte qu’il a été pris à Belcourt en rendant visite à sa soeur. Fatma Zaouaoui Siouan est sa femme, enceinte au moment de l’enlèvement, et pour laquelle il était très inquiet, selon les propos rapportés à Baya par la personne chez qui il était caché. Lors de son propre enlèvement, Baya Slamani a été conduite au centre de Diar Saada où elle a été mise en présence de Mohamed Siouan qui, dit-elle, ne lui a pas parlé. Nous savons donc qu’il est passé par le centre de Diar Saada. Plus tard, alors que les proches de Baya la cherchaient, sa soeur Ghania s’est rendue à la prison de Barberousse-Serkadji où elle a pu trouver d’autres personnes du quartier. Ils lui auraient indiqué que Baya était au Camp de Beni Messous et que Mohamed Siouan était avec eux à la prison avant d’être emmené « dans un sac » [sans doute la tête couverte], dans un véhicule. Il n’est jamais revenu à la prison.
Sources concernant Mohamed Siouan :
- Fiche de renseignement du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence, France).
- Liste du Service des liaisons nord-africaines (SLNA) d’octobre 1957, ANOM
- Entretiens de Baya Slamani avec Malika Rahal, Alger, mai 2024
Abréviations des principales sources utilisées :/p>
SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.
Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62
CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.
Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.
SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H
CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.
Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.