MERDJANI Mohamed *

MERDJANI Mohamed

N’a pas survécu à la disparition forcée.

Dans leurs recherches, ses proches se sont adressés à la préfecture d’Alger. Une fiche du Service des liaisons nord-africaines indique qu’il est né en 1908, qu’il est commis principal à l’hôpital Parnet, qu’il vit a Kouba et a été enlevé le 8 février 1957 durant la nuit à son domicile. Selon cette fiche l’armée prétend l’avoir « libéré » le 4 avril 1957.

Signalement de disparition définitive à 1000autres.org par son fils, le 24/05/2021, suivi d’échanges par mail :

« Je suis MERDJANI Kamal, né le 23/11/1938 à Alger, fils aîné du disparu MERDJANI Mohamed, né à Laghouat en 1908, enlevé dans la nuit du 08 Février 1957, à notre domicile familial, sis au 324, Hay El Badr, Bachdjarah (anciennement Lotissement Michel, Hussein Dey ou Kouba), Alger, par des unités militaires de parachutistes, dits bérets rouges.
P.J. : dossier  comprenant :
–  Lettre écrite de la main de mon père, en date du 31 Mars 1957, adressée à son frère MERDJANI Djelloul (décédé), depuis le camp d’internement « Paul Cazelles »
–  Fiche d’identification de chahid (martyr) N°3345
–  Attestation de délivrance d’une décoration au titre de chahid (martyr) délivrée par le Ministère des Moudjahidine, datée du 01 Janvier 1985, signée du ministre Djelloul Bakhti Nemmiche (en langue arabe)
–  Portrait de mon père daté de 1957

Bonjour, mesdames et messieurs les historiens,
Je tiens tout d’abord à saluer votre louable initiative de créer un site consacré aux disparus de la tragique année 1957 à Alger.
Ceci me donne un espoir, même ténu, d’avoir enfin, avant ma propre disparition, des détails sur la disparition et la mort de mon père, MERDJANI Mohamed, et de connaître, après tant et tant d’années de recherches infructueuses, ne serait-ce que le lieu de sa sépulture, afin que ses enfants aient la possibilité d’aller s’y recueillir et de commencer leur travail de deuil, soixante quatre ans après son enlèvement, dans la nuit du 08 Février 1957.
Selon le témoignage d’un officier français de l’époque, d’origine algérienne, le capitaine ZOUBIR, résidant anciennement à la cité Maïa, à Hussein Dey, Alger, et se trouvant être notre voisin de quartier, mon père, MERDJANI Mohamed, a été incarcéré au camp d’internement dit « Paul Cazelles » à Aïn Ouessara, puis transféré au centre de tri et de transit de Béni Messous, Alger, et a disparu de ce même centre, dans la nuit du 03 au 04 Avril 1957, alors qu’une notification de libération datée du 04 Avril 1957 aurait été émise par la Préfecture d’Alger.
Une preuve de vie et de présence de mon père au camp d’internement « Paul Cazelles » à la date du 31 Mars 1957, nous a été fournie par une lettre manuscrite qu’il a écrite, le jour indiqué, à son frère Merdjani Djelloul (décédé depuis). Peu après cette date, il aurait donc été transféré au centre de tri et de transit de Béni Messous, dont il aurait été libéré le 04 Avril 1957. Mais il n’a jamais rejoint, ni son domicile, ni son lieu de travail, et est demeuré disparu à ce jour.
En conséquence, ma famille et moi-même souhaiterions connaître le sort réservé à mon père après cette présumée libération. A-t-il fait partie des prisonniers « libérés » ayant  été  victimes, dès leur sortie, selon des rumeurs, d’un  massacre programmé par fusillade générale, puis enfouis dans une fosse commune ? Si tel est le cas, où se situe cette supposée fosse commune ? Y-aurait-il une autre hypothèse ? Laquelle ?
Ma famille et moi vous saurions infiniment gré de nous apporter une réponse à cette question lancinante qui nous ronge depuis tant d’années.
Avec mes remerciements anticipés, et tout mon respect pour le noble travail de mémoire dont vous vous acquittez. »

Echanges avec le témoin : »

« Avant de répondre à votre question de savoir qui a contacté le SLNA à la préfecture et d’où vient l’information selon laquelle la préfecture avait notifié une « libération » de mon père le 4 avril 1957, je dois d’abord vous dire que, quelque temps après l’enlèvement de mon père par l’armée française, dans la nuit du 08 Février 1957, le capitaine français d’origine algérienne Zoubir, déjà mentionné dans mon précédent témoignage, et dont je rappelle qu’il était notre voisin de quartier, était venu trouver ma mère et mon grand-père maternel, fin Mars ou début Avril 1957, pour leur proposer de les amener voir mon père au centre de tri et de transit de Béni Messous, Alger, précisément le 04 Avril. Mais lorsqu’ils sont arrivés, ce même jour, le capitaine Zoubir leur a simplement dit que mon père, Merdjani Mohamed, n’y était plus, sans leur fournir plus de détail. Malgré notre insistance, il ne nous a plus rien dit, depuis – par ignorance ou volonté délibérée de garder le silence ? – sur le sort de mon père.

Et donc, quelques jours après cette date du 04 Avril 1957, je suis allé à la préfecture pour tenter d’obtenir des nouvelles de mon père, pour savoir quel sort lui avait été réservé, suite à sa disparition mystérieuse du centre de tri et de transit de Béni Messous. C’est donc à ce moment-là qu’ils ont dû inscrire mon nom comme personne à prévenir le cas échéant. Quant à la notification de libération datée du 04 Avril 1957 qui aurait été émise par la Préfecture d’Alger, j’avoue que mes souvenirs sur la question sont assez flous, mais j’imagine que c’est à la Préfecture qu’on m’en a informé, bien que je n’aie pas vu aucun document officiel à ce sujet. »

Bien cordialement,

Kamal MERDJANI

Sources le concernant :

Fiche de renseignement du Service des liaisons nord-africaines (SLNA), Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM / Aix-en-Provence, France).

Correspondance avec la famille ; archives privées de la famille

Abréviations des principales sources utilisées :/p>

SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.

Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62

CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.

Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.

SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H

CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.

Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.

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