Debbache Ali (1917- 1981)Enlevé par l’armée à son domicile de la Scala, rue Malika Gaïd, en 1957. Torturé. Emprisonné à la prison de Barberousse. Libéré en 1961. Source : témoignage de sa petite-fille ci-dessous, reçu par courrier électronique le 03/08/2023.
« Mon grand-père Debbache ali né en décembre 1917 à alger, arrêté brutalement par le général Bigeard en personne et ses paras à la scala à alger en 1957, il avait 39 ans. Mon grand-père fût arrêté dans son sommeil, devant ses six enfants, et ma grand-mère enceinte qui fût brutalisee elle aussi. Mon grand-père fût enchaîné. traîne dans les escaliers, la tête cognant le sol depuis son appartement situé au 3ème étage de l immeuble de la rue malika gaid à scala Jusqu’à la jeep. Après cela il n ya plus eu de nouvelles de lui pendant plus d’un mois. Un jour une dame voisine de là où il était emprisonné demanda après lui à l un des jeunes soldats qui lui donna son nom . Cette dame là était venue voir ma grand-mère lui indiquant où se trouvait son mari. Ma grand-mère fût autorisée à aller le voir,. Elle l a trouvé et était choquée par ce spectacle. Mon grand-père enchaîné à un poteau dans une cour sous un soleil ardent, torse nu, et très amaigri avec son pantalon de pyjama. Je sais qu il fut condamné à mort d ailleurs j aimerais bien avoir les détails de son procès qui se trouvent dans les archives français. Mon grand-père avait fait la villa susini et emprisonné à la prison de serkadji où il fût torturé à la gegene, balancé du 3ème étage…… je sais aussi qu avant cet épisode, les paras étaient venus le rechercher plusieurs fois à la maison. Une fois, les militaires étaient restés avec ma grand-mère et ses enfants dans leur appartement pendant plus de 15 jours en se relayant nuit et jour. ma mère n avait que 6 ans et ma tante 4ans. L aîné des enfants qui n’avait que 11ans, avait subi un interrogatoire agressif pendant toute une nuit lui demandant d avouer où se trouvait son père. Après cela, vous vous imaginez bien le traumatisme subi par les enfants, d autant plus qu il n y avait aucune cellule de prise en charge psychologique. L aîné de mes oncles a développé une maladie mentale, un schizophrénie, par la suite alors qu il était un garçon brillant et promis à un bel avenir.Après 4ans d emprisonnement, mon grand-père fût libéré en 1961. Pendant ce temps ma grand-mère s est débrouillée seule avec les enfants dans la pauvreté et confronté à la maladie de son fils aîné.Je suis sa première petite fille, je l ai connu à peine. il est décédé à l âge de 63 ans, en 1981 d un cancer du poumon. »
Abréviations des principales sources utilisées :/p>
SLNA : « Fiches de renseignement » du Service des Liaisons Nord-Africaines : « Personnes arrêtées, demandes de recherche transmises au commandement militaire », ANOM, 91/ 4 I 62.
Liste SLNA : mention sur une liste de rappels adressée à l’armée par le SLNA en octobre 1957, la fiche de renseignement correspondant n’étant pas archivée). ANOM, 91/ 4 I 62
CV : Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrégé, Les disparus, le cahier vert, Lausanne, La Cité, 1959.
Archives Teitgen : Archives confiées par Paul Teitgen à Georgette Elgey, Archives Nationales, 561AP/41.
SHD : divers fonds du Service Historique des Armées, GR 1 H
CS : archives des deux commissions de Sauvegarde des droits et libertés individuels (1957-1962), Archives Nationales, F/60/3124-F/60/3231.
Presse algérienne (1962-1963) : documents fournis par Malika Rahal.